27.1.14

Journée de la Mémoire


La Journée de la mémoire de l’Holocauste (ou des génocides) et de la prévention des crimes contre l’humanité, qui rappelle l’arrivée des troupes soviétiques dans les camps d’Auschwitz le 27 janvier 1945, devrait être prolongée d’une manière ou d’une autre. Cela éviterait de s’en tenir à des formes de sacralisation mémorielle et permettrait de faire en sorte que, par un véritable travail d’histoire, les conditions et les étapes du processus qui ont mené à la catastrophe soient successivement examinées, transmises et analysées.


Cela fait maintenant plus de dix ans qu’existe la Journée de la mémoire du 27 janvier au sein des pays du Conseil de l’Europe. Elle est relativement bien installée dans certains contextes, davantage ignorée dans d’autres. Elle donne lieu en Italie à une véritable journée de  commémoration portée par la presse, en France à une journée plus discrète avec une incitation officielle de l’autorité à l’égard des écoles, en Suisse à une situation contrastée, avec quelques initiatives locales, notamment à Genève.
L’intitulé de la journée peut varier d’une situation à l’autre. Il évoque généralement la mémoire de l’Holocauste, terme anglo-saxon à consonance biblique qui n’est guère adéquat pour désigner la destruction des juifs d’Europe, selon l’expression plus adéquate de Raul Hilberg. Pour leur part, les consignes officielles du Ministère français de l’éducation nationale mentionnent la notion de génocide, et renvoient au site du Mémorial de la Shoah qui en désigne deux autres, en dehors de la Seconde Guerre mondiale, le génocide arménien et le génocide des Tutsis au Rwanda. Par ailleurs, tous les acteurs concernés associent cette journée à des éléments positifs, les valeurs « humanistes » qui fondent les « démocraties », le refus du racisme sous toutes ses formes, les Justes qui ont eu le courage de prendre des risques pour sauver des personnes en grave danger, en oubliant toutefois bien souvent la Résistance.
Pour l’Éducation nationale française, « cette Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l'humanité fournit l’occasion d’une réflexion sur les valeurs fondatrices de l’humanisme moderne, telles la dignité de la personne et le respect de la vie d’autrui, qu’il importe de faire partager aux enfants de notre pays », au cœur de cette « culture commune » qui constitue le « ciment de la Nation ».
(...)
Dans les écoles, tous les élèves devraient avoir le droit de mieux apprendre cette histoire, d’y prendre davantage de temps, vraiment du temps, et de le faire sans être immédiatement plongés dans la catastrophe finale, la destruction par millions de victimes juives et tsiganes de toute l’Europe. Les élèves devraient ainsi avoir le droit d’examiner concrètement dans quelles conditions les régimes fasciste et nazi sont arrivés au pouvoir ; les différentes étapes de la mise en place de leurs dictatures, de leur caractère totalitaire assumé et de la ségrégation croissante instaurée à l’égard des minorités, de leurs victimes. Ils devraient pouvoir observer et interroger les attitudes des acteurs, quels qu’ils soient, dans toutes les étapes qui ont mené à la catastrophe, sans les inscrire dans un récit téléologique, mais en examinant ce qui aurait rendu possible un autre débouché. Ainsi le travail de mémoire, sans être seulement une évocation des victimes et des mécanismes de la mise à mort, serait-il aussi un travail d’histoire inscrivant ces drames dans un processus.
D’une certaine manière, la Journée du 27 janvier gagnerait alors à être reliée, d’une manière ou d’une autre, à d’autres moments antérieurs, par exemple au 30 janvier, date de la funeste installation d’Adolf Hitler au pouvoir en 1933. Elle serait ainsi un encouragement à faire de l’histoire, à rendre un peu plus intelligible le passé qui a rendu possible cette criminalité et cette destruction de masse.


Retiré de l'article écrit par Charles Heimberg (Genève)
 et présenté sur le site: blogs.mediapart.fr






5.1.14

La galette des Rois




Toute une histoire de croyances et de saveurs, symbole d’une fête durant laquelle la part du pauvre était à l’honneur, la Galette des Rois est un gâteau servi traditionnellement le 6 janvier pour la fête de l’ Épiphanie, vendu et consommé quelques jours avant et après cette date.



Les origines de la Galette des Rois

 L’histoire de la Galette des Rois remonte à l’Antiquité romaine. Pendant la fête païenne des Saturnales, les Romains utilisaient la fève d’un gâteau pour désigner un esclave comme le  Saturnalicius princepsle maître des Saturnales voire le « Roi d’un jour ».


 Au cours des siècles

 LaFeteDesRois
On en trouve des traces au Moyen Âge où le royaume de France se partage en deux.
D’une part, les territoires dans le tiers sud de la France où l’on cuisine à l’huile, on parle oc et où l’on fabrique toujours un « gâteau des rois », une pâte à brioche moulée en forme de couronne, décorée de fruits confits. La recette de la pâte varie selon les régions : patissous du Périgord, coque des rois entre Toulouse et Montauban, flamusse de Bresse, garfou du Béarn ou encore goumeau de Franche Comté.
D’autre part, les territoires de langue d’oïl au nord de la France où l’on cuisine au beurre. On y prépare dès le XVe siècle un dessert de pâte feuilletée fourrée de crème pâtissière mélangée à de la crème d’amandes qui devient plus tard une pâte levée à la levure de bière nommée gorenflot.

La galette proprement dite (pâte feuilletée plus crème frangipane) apparait au XVIIe siècle ; Anne
d’Autriche et son jeune fils Louis XIV  en partagent une la veille de l’Épiphanie de 1650.
En 1711, à cause de la famine, le Parlement délibère de la proscrire afin que la farine soit uniquement
 Épiphanie, Hôtel de Crillon
ÉPIPHANIE, HÔTEL DE CRILLON
employée à faire du pain.
Au début du XVIIIe siècle, les boulangers envoient ordinairement un gâteau des Rois à leurs pratiques.
Les pâtissiers réclament contre cet usage et intentent un procès aux boulangers comme usurpant leurs droits. Sur leur requête, le parlement rendit des arrêts qui interdisent aux boulangers de faire et de donner aucune espèce de pâtisserie, d’employer du beurre et des œufs dans leur pâte, ou de dorer leur pain avec des œufs.
Pendant la Révolution, le nom même de «gâteau des Rois» est un danger. C’est pourquoi Pierre Louis Manuel, tente d’obtenir l’interdiction du gâteau des Rois. Sans succès : la galette triomphe du tribun !


 Une tradition religieuse : L’ Épiphanie

couronne des roisÀ la fin du IVsiècle, l’Église christianise le rituel païen de l’antiquité Romaine et lui substitue l’Épiphanie, grande fête célébrée généralement le 6 janvier. Le terme « épiphanie » est issu du mot grec « Epiphania » Ἐπιφάνια, substantive de l’adjectif ἐπιφάνιος « qui apparaît » du verbe  ἐπιφαίνω « faire voir, montrer ».
Selon les pays, cette fête ne signifie pas la même chose. En effet, alors qu’en Europe on commémore la venue du Christ et l’hommage qui lui a été rendu par les rois mages, Melchior, Gaspard et Balthazar; en Orient c’est le baptême du Christ dans le Jourdain qui est mis à l’honneur.

Ainsi, la manière de célébrer peut changer selon les pays. Dans la tradition orthodoxe par exemple, le  un bain d’eau glacée.jour de l’ Épiphanie les croyants se jettent dans un bain d’eau glacée. Les Grecs, les Roumains ou les Bulgares croyants considèrent cette eau glacée comme de l’eau bénie.
En France, on célèbre cette fête en se régalant de la Galette des Rois et comme il n’y a pas de jour férié lui étant dédié, l’Épiphanie s’honore généralement le premier dimanche du mois de janvier.




Une tradition familiale

Vassilopita
Si la tradition est d’origine religieuse, elle est devenue une tradition familiale où on se rassemble pour découper la fameuse galette, trouver la fève et échanger les vœux de bonne année. On « tire les rois » sans oublier de réserver des parts pour le pauvre, le voyageur ou le membre absent de la famille.
Dans le circuit commercial, dans la seconde moitié du XXesiècle, les boulangers fournissent avec la galette une couronne en papier doré à usage unique. Chacun déguste sa part du gâteau et celui qui trouve la fève sera couronné roi du jour.



La fève : 
La tradition fait remonter l’usage de la fève au XIIIsiècle. 
Bien vite, la fève fait place à des pièces d’or puis à de petits objets de porcelaine: roi, reine, étoile, cœur, couronne… 
De nos jours, certains Français collectionnent ces fèves.
 Le musée de Blain  en conserve plusieurs milliers.